Enfin Libre... [ Libre ]

- Alors, Keith, comment ça va ? me demanda Mulciber.

Je passai une main dans mes cheveux. Je me rapprochai de lui, juste assez pour que ma bouche soit au niveau de son oreille.

Je sortais depuis ma Quatrième Année avec Evan Rosier. Il était avec moi pour pouvoir se vanter de sortir avec la plus belle fille de Serpentard et moi, pour profiter pleinement de sa popularité. Je savais qu'il me trompait et il savait que je faisais de même. Mulciber ne verrait donc aucun problème à ce que je le drague, donc.

Je murmurai alors, oubliant le plan de drague et allant droit au but :

- Ca irait beaucoup mieux si je pouvais intégrer l'Equipe de Quiddicth en tant qu'Attrapeur...

Je le vis grimacer. Merde. Il me repoussa doucement. Je lui adressai une oeillade mauvaise.

- Non. Les filles ne sont pas admises. Et nous avons déjà un Attrapeur, déclara-t-il.
- Un Attrapeur ? Tu veux dire celui qui laisse passer le vif d'or devant son nez parce qu'il ne connaît pas bien les règles ? Laisse-moi rire, Mulciber.

Le Serpentard eut un sourire froid.

- C'est moi le Capitaine, c'est moi qui décide. C'est non.
- Et quand on va de nouveau perdre, qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas juste dire : " On a perdu mais au moins, c'est entre mec ! ".

Je me tus, le foudroyant du regard. Je me sentais en colère, prise dans un tourbillon de rage et de haine. Pour la première fois de ma vie, la maison de Serpentard me dégoûtait par son sexisme et sa manière désagréable de voir les choses. Et en ce moment précis, rien ne m'aurait plus comblée que de lancer un ou deux sorts de Magie Noire dans la face de Mulciber.

- Il y a des filles vraiment douées qui nous feraient gagner... Comme moi.

Je partis dans mon Dortoir, pris mon balai, descendis du Dortoir, et quittai la Salle Commune.
Pendant les dix minutes que durèrent mon voyage vers le Terrain de Quidditch, je fulminai littéralement. Mes mains se serraient et se desserraient complusivement autour du manche. Mes yeux jetaient des éclairs et je bousculai plusieurs fois des élèves. Je ne m'abaissai pas à les aider et encore moins à m'excuser.

Quand j'arrivai au Terrain, je soupirai. Je me sentais enfin sereine. C'était bizarre, non ? Que mes crises de colère soient toujours si froides, si... Calmes. Alors qu'au fond, je bouillonnai et que l'effort de me contrôler demandait de plus en plus d'énergie.

Je mis en position le balai, enlevai ma cape. Certes, je n'étais pas vraiment habillée pour une séance de vol. Mais, il fallait que je décolle, que je vole dans ce ciel épure de tous soucis...

Je m'installai sur le balai. Tapai du pied. Et m'envolai.

Pour être enfin libre.

Je volais. Je volais ! De plus en plus haut, de plus en plus loin ! Le balai dans les mains, dont le nom était " Tornade Dorée ", je le maniais à ma guise. J'accélérais, ralentissais, tournais, montais, descendais... Quelques loopings et acrobaties s'ajoutaient à ma chorégraphie, de temps en temps.

Le vent me giflait le visage avec force. Tel un ennemi, il m'attaquait sournoisement, me faisait pleurer. Il soulevait ma jupe colorée, ma cape. D'un geste brusque, je l'enlevai. Je la vis tomber, d'abord comme un Détraqueur jusqu'à ce qu'elle ne devienne plus qu'une tache noire.
Elle me gênait plus qu'autre chose et tant pis si je devais geler sur place !

Comme un écho à ma pensée, la brise devint plus fraîche, plus violente. Je savais qu'il me faudrait bientôt rentrer. Je fis donc le " rituel " que j'entreprenais toujours.

Tout d'abord, je stabilisai " Tornade Dorée ". Lentement, j'entrepris de me mettre debout sur lui. A quelques centaines de mètres du sol, je devais être prudente. Je levai les bras, en signe de remerciements au ciel. Calme, sereine, libérée. Comme à chaque fois.

Puis, je sautai du balai.

Je ne pourrais jamais décrire ce que cela fait de tomber à pleine vitesse, en chute libre, pour presque s'écraser au sol.

Je me contenterai juste de dire que, arrivée à deux mètres du sol, " Tornade Dorée " surgit et me reprit, sans me blesser. J'avais lancé quelques sorts à " Tornade ", et celui-ci, de me rattraper avant le point d'impact, en faisait partie.

Avec douceur, j'atterris, ramassai ma cape quelques mètres plus loin. Et, en apercevant Lizee, je lui lançai un sourire goguenard armé d'un clin d'oeil.